Les formules philosophiques. Détachement, circulation, recontextualisation
Les philosophies se condensent en des énoncés minimaux et autonomes dotés de propriétés formelles qui leur confèrent un aspect remarquable, signatures doctrinales (« Connais-toi toi-même », « L’existence précède l’essence ») ou énoncés à portée universelle (« On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve », « L’homme est un loup pour l’homme »). Ces formules emblématiques circulent entre les grandes œuvres et sont recontextualisées dans des textes seconds (doxographies, manuels, dictionnaires, recueils de formes brèves…). Elles s’inscrivent dans des usages essentiels à l’activité discursive : mémorisation, transmission, enseignement, commentaire, contribuant fortement à tisser l’interdiscours philosophique. Elles jouent également le rôle d’ambassadrices auprès d’autres formes de discours et dans l’espace public et ses lieux communs. Au sein d’une doctrine, les formules philosophiques concentrent les schèmes spéculatifs, en permettent l’identification et le redéploiement et parfois, dans les formes brèves ou les genres formulaires, en constituent le mode d’exposition privilégié. Les contributeurs comparent les formules philosophiques aux proverbes, sentences et aphorismes et proposent des pistes pour en comprendre l’élaboration et la nature en rapportant leurs caractéristiques formelles, rhétoriques ou stylistiques, à leur valeur philosophique. Grâce à l’étude de cas divers (Épicure, Descartes, Hegel, Feuerbach, Marx, Nietzsche, Wittgenstein, Lévinas, Merleau-Ponty, Foucault, Derrida), ils interrogent le rôle d’une écriture formulaire en philosophie.
Le Groupe de recherche sur l’analyse du discours philosophique (GradPhi, équipe du Céditec – Université Paris Est Créteil Val de Marne) réunit des philosophes et des linguistes soucieux d’appréhender la philosophie comme une activité discursive. Depuis 1995, il publie régulièrement des travaux auxquels il associe des chercheurs venus d’autres horizons.