La conscience interne de la langue
Essai phénoménologique
Husserl et Merleau-Ponty traitent de la façon dont les vécus subjectifs sont exprimés au moyen de la langue qui, elle-même, est censée disparaître de la conscience du locuteur : «C’est bien un résultat du langage de se faire oublier, dans la mesure où il réussit à exprimer», dit Merleau-Ponty dans La prose du monde. En s’inscrivant dans une perspective critique à l’égard de la phénoménologie husserlienne et merleau-pontienne, ce livre propose un renversement de son dispositif en abordant la langue comme ce qui est au contraire constamment expérimenté par celui qui parle, phénomène qui sera nommé la «conscience interne de la langue». Une série d’analyses montrera que la langue est vécue comme acte qui introduit le sujet parlant dans une situation donnée et qui lui permet d’y figurer d’une façon spécifique et de se positionner par rapport aux autres. Cette approche de la langue comme activité vécue nous amène à l’idée d’intersubjectivité linguistique et débouche vers une éthique du langage.
Tomáš Koblížek est chercheur à l’Institut de Philosophie de l’Académie Tchèque des sciences à Prague. Ses activités scientifiques portent essentiellement sur la linguistique générale, la philosophie du langage et la critique littéraire.
En couverture : « Je savais que c’était stupide », photogrammes d’une couleuvre, sérigraphie, par Jan Měřička, Prague, 2018, avec l’aimable autorisation de l’artiste.