Disparition de Martiros Minassian (1926-2016)
Publié le 8 octobre 2016
Martiros Minassian a été le premier titulaire du Centre de recherches arménologiques de l’Université de Genève.
Le Centre de recherches arménologiques de l’Université de Genève a le triste devoir d’annoncer la disparition de Martiros Minassian, survenue le 2 juillet dernier à Contamines sur Arve, et dont la nouvelle nous parvient seulement maintenant.
Originaire d’Akcay (près d’Alexandrette), où il était né en 1926, Martiros Minassian avait obtenu sa première formation auprès du monastère de Bzommar, au Liban. En 1947, il s’était établi en Arménie, où il avait parfait sa formation à l’Institut Brusov et à l’Université d’Etat d’Erevan, auprès de laquelle il avait obtenu un doctorat en linguistique et philologie arméniennes. Il avait ensuite collaboré avec l’Institut de linguistique de l’Académie des Sciences d’Arménie (1960-1962) et avec l’Université d’Etat d’Erevan (1966-1970). En 1971-1974, il avait enseigné l’arménien classique au monastère Saint-Jacques de Jérusalem et à l’Université hébraïque de la même ville.
M. Minassian a été le premier responsable du Centre de recherches arménologiques de l’Université de Genève, créé en 1974, suite à un accord entre la Fondation des Frères Ghoukassiantz et le Département de l’instruction publique du Canton de Genève. Comme il aimait le rappeler, engagé en tant que chargé de recherches, peu après le début de son activité, il avait proposé au Doyen de l’époque de transformer son poste en une charge de recherche et d’enseignement, proposition qui fut acceptée. Dans cette première phase, le cursus en études arméniennes ne fut pas reconnu comme branche officielle de la Faculté, mais seulement comme branche à option (sans plan d’études), rattachée au russe. Cette démarche, ainsi que l’enseignement de la langue arménienne (ancienne et moderne) assuré régulièrement dans les années suivantes, constituent néanmoins le présupposé de tous les développements à venir. On rappellera que le Centre est actuellement une chaire à part entière et qu’il offre une formation complète en langue, littérature et civilisation arméniennes anciennes et modernes, au niveau du bachelor, du master et du doctorat.
Très sensible aux questions didactiques, Minassian est l’auteur de manuels et de grammaires de la langue arménienne dans ses trois branches (ancienne, moderne occidentale et moderne orientale). Il est également l’auteur de très nombreux ouvrages et articles scientifiques portant sur la langue arménienne ancienne, ainsi que d’une édition du Contre les Sectes d’Eznik (Ve siècle), accompagnée de notes et concordances (Genève 1992). Parmi ses derniers travaux, il convient de citer la Grammaire descriptive de l’arménien classique (publiée également en arménien), Genève 1996, Naxnik‘ (édition des corrections textuelles de Norayr Buzandatsi chez les anciens auteurs arméniens, d’après l’original déposé à la Bibliothèque universitaire de Göteborg), Genève 1996, ainsi que la nouvelle édition de son Cours intensif d’arménien ancien (Lisbonne, 2002).
Centre de recherches arménologiques, et en particulier Valentina Calzolari et Bernard Outtier, qui avaient succédé à M. Minassian en 1993, rendent hommage à l’activité du premier titulaire du Centre et tiennent à exprimer à la famille du collègue disparu leurs condoléances les plus sincères.